(De Santiago) Après plusieurs semaines de crise et de protestations, la manifestation, ce jeudi, des étudiants chiliens, sur l’Alameda, à Santiago, avait pour objectif de montrer le mécontentement des jeunes devant l’absence de propositions sérieuses du gouvernement de Sebastián Piñera pour rendre l’éducation secondaire et surtout universitaire, moins inaccessible, moins segmentée, et de meilleure qualité.
Chili : Jeudi noir à Santiago pour les étudiants en colère
Par Cristina L’Homme | Journaliste | 05/08/2011
Leur demande de promotion d’une éducation publique, gratuite, laïque et non discriminatoire, d’augmentation de fonds étatiques destinés à l’éducation universitaire, de faire baisser les droits d’inscription, et leur remise en cause des prêts banquaires qui ne financent que les étudiants riches… - ces revendications mobilisent les élèves du secondaire et les étudiants depuis deux mois - n’auront visiblement pas été entendues comme ils l’espéraient.
Puisque le gouvernement de Sebastián Piñera a décidé, non seulement d’interdire cette manifestation, mais aussi de la mater. (voir la vidéo)
« Il est fini, le temps des manifs »
Une interdiction et une répression annoncée la veille, mercredi, puisque le président déclarait haut et fort qu’il « y a une limite à tout » et que le ministre de l’intérieur Rodrigo Hinzpeter ajoutait : « il est fini, le temps des manifestations ».
Un millier de policiers avaient été dépêchés sur la place d’Italie (que l’on pourrait comparer à la place de la Bastille parisienne, tant l’Alameda qui y prend naissance, y est symbolique) pour contrer les jeunes à coups de véhicules lanceurs de puissants jets d’eau et de bombes lacrymogènes.
Les forces de police « sont en train d’utiliser des gaz qu’elles n’avaient pas utilisé jusqu’ici » a affirmé la porte parole de la Confédération des étudiants du Chili (COSECH), Camila Vallejos.
« Ce n’est pas en interdisant qu’on rendra ce mouvement invisible ».
Vous avez dit « dialogue » ?
A la fin de la journée, plus de 500 jeunes avaient été embarqués, et parmi eux quelques « encapuchados » (capuches), des provocateurs violents, dont on ne sait pas par qui ils sont manipulés (…), et qui parviennent à jeter un discrédit sur l’ensemble du mouvement estudiantin en détruisant tout ce qu’ils rencontrent sur leur passage.
Camila Vallejos s’est insurgée contre l’absence de droit des citoyens à manifester dans un lieu public :
« la rue appartient à tout le monde. Cette interdiction ressemble à un état de siège, j’imagine que c’était comme ça il y a 30 ans, au Chili, pendant la dictature militaire ».
Des propositions inacceptables
Cette manifestation prévue depuis longtemps, a eu lieu trois jours après qu’une proposition en 21 points a été faite, lundi, aux étudiants par le nouveau ministre d’éducation, Felipe Bulnes. Mais le thème central, du but lucratif de l’éducation au Chili, n’a pas été abordé.
La proposition a été rejetée en assemblée par la plupart des étudiants, d’après Camila Vallejos, qui a appelé à faire sonner les casseroles (un geste symbolique des opposants à la dictature) contre la répression.
Malgré ce refus, le gouvernement enverra sa proposition au Congrès. Sachant qu’il est majoritaire à la chambre des députés mais minoritaire au Sénat.
La côte de popularité du président Piñera, au pouvoir depuis mars 2010, atteint un niveau critique en ce moment. D’après une enquête du Centro de Estudios Públicos, 35% de l’opinion seulement soutient sa gestion du pays.
source: rue 89