En réaction à la reprise hier des expéditions vers l’inconnu de harraga, après une brève accalmie, Kamel Belabed, porte-parole du collectif des familles de harraga disparus en mer réitère l’appel des centaines de familles qu’il représente quant à l’ouverture d’une enquête parlementaire sur le dossier des 300 émigrants clandestins algériens détenus en Tunisie.
Ces derniers qui ont foulé le sol tunisien ou transité par ses eaux territoriales, dans leur tentative d’atteindre les côtes italiennes, sont actuellement détenus dans des centres de rétention secrets. Ces centres seraient au nombre de 11 puisqu’en contrepartie de sa coopération dans la lutte contre l’immigration clandestine, l’Italie s’était engagée à aider son partenaire tunisien et ce, dans le cadre du premier accord bilatéral sur l’immigration qu’ils ont signé en 1998. A l’époque, l’Italie entendait par engagement économique vis-à-vis de la Tunisie, le déboursement de 150 milliards de lires (correspondant à 300 milliards d’euros) en trois ans en crédits pour l’industrie, dont 500 millions de lires (correspondant à 1 milliard d’euros) pour la réalisation en Tunisie des centres de rétention, précisent d’autres sources humanitaires sûres. A partir de cette date, ont été construits 13 camps d’enfermement (dont un près de Tunis, un autre entre Gabes et la frontière libyenne. « Où sont les 11 autres camps ? » Cela a toujours été un secret, personne n’a jamais pu savoir ce qui se passe à l’intérieur, s’interrogent les mêmes sources qui ont requis l’anonymat.
Les mêmes dispositions de cet accord ont été retenues dans le second accord signé fin janvier 2009. Outre le maintien du soutien à la Tunisie dans la lutte contre l’immigration illégale, déjà prévu par les accords signés depuis 1998, dans ce nouvel accord, il est question de la définition d’un plan qui permet la simplification et l’accélération des procédures d’identification des migrants tunisiens enfermés dans les centres de rétention italiens et l’expulsion « graduelle et constante » des migrants déjà identifiés comme ressortissants tunisiens qui se trouvent actuellement dans les camps de Lampedusa. En réalité, indiquent ces sources, Tunis a accepté l’expulsion de 500 migrants, à la condition qu’elle soit étalée dans le temps 150 migrants expulsés par mois les deux premiers mois succédant l’entrée en vigueur de l’accord, ensuite 100 personnes par mois par petits groupes de 7 personnes maximum.
« Le nombre de personnes expulsées dans le cadre de cet accord n’est pas clair, vu qu’aucun chiffre officiel n’est donné. Le gouvernement italien se limite à donner des informations mais sur un nombre total d’expulsés mélangeant ainsi toutes les nationalités concernées », ont-elles relevé. La réadmission par la Tunisie de harraga, non sans faire abstraction de l’identification préalable de leurs origines, a trouvé sa légitimité dans l’un des points de l’accord souscrit le 27 janvier 2009 qui prévoient entre autres la réadmission, par la Tunisie, de ses citoyens mais aussi de ressortissants de pays tiers entrés illégalement sur le territoire italien en provenance des côtes tunisiennes, programmes communs pour lutter contre l’immigration illégale, engagement de la part du gouvernement Italien d’aider à l’amélioration des conditions socio-économiques de zones déprimées de Tunisie ainsi que l’intensification des contrôles des forces de l’ordre des deux pays le long des côtes tunisiennes.
El Watan, 4 juillet 2009