[ [ [ FRANCE – L’émigration a ses… Questions pour un champion - Yannis Lehuédé

C’est un énième tour de vis contre l’émigration légale. À partir du 1er décembre prochain, un examen culturel et linguistique dans le pays d’origine devient obligatoire pour les candidats au regroupement familial en France.

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Afin d’éviter toute mauvaise surprise, les immigrés d’origine sénégalaise installés en France, qui souhaitent que leurs enfants les rejoignent dans le cadre légal du regroupement familial, ont intérêt à mettre, dès à présent, leurs rejetons dans le bain de l’« examen culturel et linguistique » que le gouvernement français rend obligatoire à partir du 1er décembre prochain.

Le contenu du décret présidentiel dont la substance a fait l’objet de fuite dans la presse hexagonale hier, dégage les grandes lignes de l’organisation d’examens de français qui se feront sur place, dans le pays d’origine des demandeurs de visa. Les personnes âgées de moins de 16 ans et celles qui ont plus de 65 ans ne sont pas concernées par cette mesure. Les cours sont prévus pour durer un maximum de deux mois, et ils seront abrégés pour ceux et celles dont on s’apercevrait qu’ils sont quelque peu à la page.

L’Agence nationale de l’accueil des étrangers et des migrations, pivot de cette trouvaille de Brice Hortefeux, le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Co-développement, est appelée à travailler avec les Consulats de France. L’Anaem dispose de bureaux au Maroc, en Algérie, au Mali et au Sénégal, quatre pays de grande émigration vers l’ancienne tutelle coloniale. Selon le décret, elle aura toute la latitude de sous-traiter les formations à des organismes qui auront été retenus à cet effet.

La langue est sans doute un élément indispensable à l’intégration d’émigrés arrivant en France. Mais faire de sa maîtrise une condition à l’obtention du visa est manifestement un moyen, un de plus, de durcir l’émigration légale vers la France. Ce décret est d’autant plus incompréhensible que le gouvernement français a déjà mis en place le fameux « Contrat d’accueil et d’intégration » (Cai). Opérationnel depuis janvier 2007, le Cai est un condensé de formation civique générale qui comprend plusieurs volets dont une imprégnation aux valeurs de la République française et un apprentissage obligatoire de la langue.

Après les restrictions liées aux tests d’ADN, au regroupement familial, ce décret qui n’est pas prévu pour s’appliquer à d’autres nationalités hors d’Afrique, ressemble à un prétexte pour organiser, à la source, des exclusions massives d’émigrants potentiels. Sous l’ère Sarkozy au ministère de l’Intérieur, puis à l’Elysée, l’inflation législative destinée à réprimer tout autour de l’immigration à la fois clandestine et légale atteint un niveau jamais égalé en France.

Source : www.lequotidien.sn

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