[ [ [ Les arrestations massives de migrants tunisiens prennent une ampleur (...) - Yannis Lehuédé

Deux articles du Monde décrivent des arrestations massives de migrants tunisiens à Paris et à Marseille. Le France proposerait-elle toujours que « le savoir faire qui est reconnu dans le monde entier de [ses] forces de sécurité permette de régler des situations sécuritaires de ce type », quand Alliot-Marie parlait de la révolution tunisienne ? Pendant des années et jusqu’à la dernière seconde, l’État français a soutenu Ben Ali. Maintenant qu’il est tombé, elle s’en prend aux quelques milliers de migrants tunisiens qui ont grossi le nombre habituel de migrants, en faisant miroiter le spectre d’une “déferlante tunisienne”. L’État raciste a bel et bien abandonné depuis belle lurette toute idée de droit d’asile.

Nouvelle série d’interpellations de migrants dans le nord de Paris

LEMONDE.FR avec AFP | 28.04.11

Plusieurs dizaines de migrants tunisiens, arrivés pour la plupart récemment d’Italie et réfugiés au parc de la Villette (19e arrondissement de Paris), ont été interpellés, mercredi 27 avril, par les forces de l’ordre. L’opération s’est déroulée vers 21 heures au moment où un repas chaud était distribué à plusieurs dizaines d’entre eux par la Croix-Rouge, porte de la Villette, a précisé Omeyya Seddik, administrateur de la Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives (FTCR), présent sur place. "Il y a eu un très grand déploiement des forces de police, principalement porte de la Villette, où se trouvaient entre cent et deux cents jeunes migrants", témoigne-t-il.

Les forces de police les ont laissé manger mais ensuite "ont embarqué presque tout le monde" au moment où les immigrés retournaient vers le parc. Beaucoup s’y sont installés dans des conditions précaires. La préfecture de police a confirmé qu’"une opération similaire à celle de [mardi]", avait eu lieu mercredi soir, sans donner plus de précisions sur le nombre de personnes interpellées, et que cette dernière action s’inscrivait "dans la continuité" de celle menée la veille.

"EMBARQUÉS AU COMMISSARIAT"

Mardi soir, une soixantaine de personnes avaient été placées en garde à vue à Paris et dans la Seine-Saint-Denis pour "infraction à la législation sur le séjour", a-t-on précisé de même source. L’objectif est de "contrôler toutes ces personnes arrivées en masse", "d’établir un diagnostic de la situation de chacun", et de traiter "au cas par cas" leur situation, a ajouté la préfecture de même source.

Selon M. Seddik, des opérations similaires auraient également eu lieu mercredi soir "à Jaurès, Stalingrad [19e arrondissement] et Pantin". Un responsable de la police "nous a dit qu’ils agissaient sur réquisition du procureur", a-t-il ajouté. D’après lui, de nombreux Tunisiens ont été "embarqués au commissariat du 19e", où l’association essayait "d’envoyer des avocats pour avoir des informations". Mercredi en fin de journée, la préfecture de police avait précisé que "la majorité" des Tunisiens arrêtés mardi soir "[avaient] ou [allaient faire] l’objet d’arrêtés préfectoraux de reconduite à la frontière".

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë (PS), avait invité, mardi, l’Europe, et la France en particulier, à traiter avec "humanité et dignité" ces migrants. Mercredi dans un communiqué, il a jugé ces interpellations "choquantes" et a demandé à l’Etat "de cesser ces opérations de police qui ne sont pas à la hauteur de la situation et de nous appuyer dans la mise en œuvre, avec les associations, de solutions plus en phase avec le droit international et le respect de la dignité des personnes". Le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, a répondu dans une lettre à M. Delanoë que ce n’était "pas à l’Etat" de pourvoir au séjour de ces Tunisiens, qui devaient "en vertu des accords internationaux et de la loi (...) disposer de ressources suffisantes pour assumer leurs frais de séjour".


Une cinquantaine d’immigrés tunisiens interpellés à Marseille

LEMONDE.FR avec AFP

Près d’une cinquantaine de migrants tunisiens, arrivés pour la plupart récemment d’Italie, ont été interpellés depuis mercredi à Marseille et pourraient être placés au centre de rétention de la ville, a indiqué jeudi une source proche de l’enquête.

Ces interpellations interviennent alors qu’une centaine de migrants, selon la préfecture – 200 selon les associations qui leur viennent en aide –, ont trouvé refuge depuis plusieurs jours dans un square situé à proximité de la gare Saint-Charles à Marseille, où beaucoup sont arrivés en train depuis l’Italie, et où les forces de l’ordre procèdent à des contrôles d’identité.

"Des vérifications administratives sont faites sur leur situation. Ils sont interpellés pour séjour irrégulier et à l’issue de la garde à vue, c’est la préfecture qui prend la main sur une éventuelle rétention administrative", a-t-on expliqué au parquet de Marseille.

Plusieurs dizaines d’autres migrants, transférés au centre de rétention de Marseille depuis Nice, où ils avaient été interpellés la semaine dernière, ont déjà été relâchés à l’issue de leur comparution devant le juge des libertés et de la détention, leurs avocats dénonçant des vices de procédure.

Les premières interpellations ont eu lieu mercredi soir au moment où des associations tentaient de trouver des solutions d’hébergement pour plusieurs dizaines de migrants installés dans le square dans des conditions précaires. "On avait pu trouver de l’hébergement pour 25 migrants, on essayait de trouver des solutions pour les autres pour qu’ils dorment dans des conditions pas trop difficiles, lorsque des CRS et des policiers de la police des frontières sont arrivés pour les contrôler", a expliqué Bernard Eynaud, de la fédération de la Ligue des droits de l’homme.

Mardi soir, la préfecture des Bouches-du-Rhône avait indiqué qu’elle travaillait avec le consulat général de Tunisie à Marseille pour aider au retour en Tunisie des migrants qui s’étaient déclarés volontaires pour rentrer dans leur pays. "Pour ceux d’entre eux qui ne manifestent pas clairement cette volonté, l’application stricte des lois et règlements de la République a été demandée", avait-t-elle ajouté.

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