[ [ [ Deux défenseurs des sans-papiers poursuivis - Yannis Lehuédé

Le ministère de l’Intérieur juge des tracts diffamatoires.
Ils évoquaient le « comportement
xénophobe et les contrôles au faciès de la police aux
frontières »
...

C’est une première en France. Jamais encore la
justice n’avait poursuivi des militants d’un collectif
de soutien aux personnes sans papiers. À
Rennes, un homme d’une cinquantaine d’années,
sans emploi, et une femme du même âge,
retraitée de l’Éducation nationale, devront
comparaître devant le tribunal correctionnel,
le 19 septembre. Les magistrats ont retenu
deux chefs de prévention : injures publiques
envers la police aux frontières et diffamation.

Les écrits incriminés concernent trois tracts et
deux affiches dans lesquels les militants du collectif
qualifiaient les policiers de « bras armés
de la xénophobie d’État »
. Les quelques lignes,
dignes d’une farce de potache ironique, parlaient
aussi de « police au faciès ». C’en était
trop pour le ministère de l’Intérieur, qui a
déposé plainte auprès du parquet de Rennes.

« LA PRIME AU MÉRITE... »

Les militants ne comprennent pas « pourquoi
seulement deux personnes doivent rendre des
comptes à la justice, alors que les actions ont été
pensées et réalisées par tous »
. Le collectif ne désarme
pas pour autant et appelle à la mobilisation.
« Les formes de notre liberté d’expression et
d’opinion contre les politiques d’immigration sont
le principal objet des poursuites »
, peut-on lire
dans un tract, diffusé hier.

Alliance, un syndicat de policiers classé pro-
Sarkozy, approuve la procédure retenue à l’encontre
des deux militants. « Il y a des limites à
ne pas dépasser
, juge un responsable. On se
trompe de cible. Les policiers ne font que leur travail.
 »
Unsa-Police, majoritaire et proche de la
gauche, n’est pas tout à fait d’accord : « Nous
soutenons les collègues, mais la prime au mérite et
la pression de la hiérarchie poussent à faire du chiffre.
 »

En juin, la polémique avait fait rage dans les
rangs de la gauche, indignée par les poursuites
contre le collectif. Jean-Louis Tourenne, président
socialiste du conseil général, a appris,
hier, la convocation pour le 19 septembre : « Je
suis choqué des suites données à cette histoire
,
déclare-t-il. J’espère que les juges auront plus de
sérénité. »

[Source : ouest-france.fr]

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