[ [ [ Les interahamwe sont entrés dans Paris - Yannis Lehuédé

Tous les faits ne sont pas encore rassemblés : les témoins, les victimes ont peur... Ce qu’on sait, c’est qu’en marge de la réunion publique organisée pour la venue de Paul Kagame à Aubervilliers, se sont mobilisés des "opposants" qui se disent "congolais" et sont manifestement issus de la communauté des réfugiés rwandais qui sont passés au Congo, en 1994, après le génocide des Tutsi du Rwanda, dans le contexte de l’opération Turquoise, intervenue alors pour constituer une "zone humanitaire sûre" dont la fonction principale aura été de protéger le repli des forces génocidaires.

Ces "opposants" qui se qualifient eux-mêmes de "combattants" ont agressés des personnes qui étaient venues là pour assister au meeting du Président rwandais dont c’était la première visite à l’étranger depuis dix-sept ans.

Diverses agressions et tabassages de supposés "Tutsi" se sont alors produites.

Ainsi, dix-sept ans après le génocide des Tutsi, le parti génocidaire aura frappé, à Paris...

Légitimement ému, seul Sos-racisme aura réagi à ce fait divers monstrueux, et son président, Dominique Sopo, a annoncé que son association entendait se porter partie civile si le caractère "raciste" de ces agressions été avéré.

Une semaine plus tard, lundi 19 septembre, une cinquantaine de ces "combattants congolais" se rendaient au local de Sos-racisme, après avoir proféré nombre de menaces par téléphone, à tel point que la police était déjà sur les lieux quand ils sont arrivés.

On trouve sur dailymotion un film de 38 minutes, réalisé par eux-mêmes, qui rend compte de leur manifestation devant le local de Sos-racisme, rue de Flandres, dans le XIXème arrondissement. Hormis leur extrême agressivité, on relève là qu’au contraire ces "combattants" prennent grand soin de mesurer leur propos et déploient des trésors de rhétoriques pour justifier de leur intervention.

On relève simplement que leur porte-parole dénonce le fait que Sos-racisme s’émeuvent de "quelques individus qui allaient se taper des rwandais ou des Tutsi", et critique le fait que l’association anti-raciste se scandalise de ce qu’on s’attaque à des victimes, rescapées du génocide :

"En vertu de quoi la personne qui a été tabassée est une victime du génocide ?", demande le porte-parole de ce parti informel de "patriotes congolais".

A noter aussi comment plusieurs participants à cette manifestation n’hésitent à se faire menaçants et annoncent avec détermination la suite de leur action.

Ces héritiers des fameux miliciens interahamwe qui se sont déchaînés en 1994 se félicitent de faire peur. Accordons-leur de marquer effectivement leur point. C’est qu’ils ont malheureusement fait leurs preuves.

Paris s’éveille

Ci-dessous, le long film qui témoigne en détail de leur manifestation rue de Flandres, et de comment ils ont été embarqués par la police, puis libérés :


ACT II : SOS RACISME EST ELLE LE SUPPOT DE... by afriqueredaction

RWANDA

Occupation, menaces : la guerre du Kivu chez SOS Racisme

Lundi 19 septembre. 15h45, avenue de Flandres dans le XIXe arrondissement à Paris. Une vingtaine de personnes qui se disent « Français d’origine congolaise » ou « Congolais vivant en France » tentent de pénétrer par la force dans les locaux de l’association SOS Racisme. Certains vont jusqu’à menacer de « brûler » le local ou de tuer des permanents de l’association. Après qu’ils aient occupé pendant une heure le hall, les forces de l’ordre font ressortir les manifestants. L’association a de son côté déposé plainte.

De retour dans la rue, Rex Kazadi, qui se revendique comme le porte-parole d’un groupe de « combattants » congolais, explique pourquoi il s’en prend à SOS Racisme.

Pour cet homme qui dit être arrivé en France à l’âge de 7 ans, l’association fait deux poids, deux mesures, et « ne s’intéresse qu’aux Rwandais, et pas au problème bien plus important de la RDC » (ex-Zaïre), arguant que plusieurs millions de personnes ont été massacrées en RDC par des Tutsis, dirigés par des hommes de Paul Kagamé, président du Rwanda. Des rebelles tutsis ont commis depuis des années en RDC, dans la région du Kivu, les pires crimes de guerre.

Quelques minutes plus tard, les « combattants » seront emmenés par la police.

Pourquoi l’association a-t-elle été harcelée au téléphone toute la journée de lundi, avant d’être ainsi assiégée ? C’est un communiqué de l’association qui a soulevé la colère de ces Congolais. Dans ce texte, l’association dénonce :

« Les agressions racistes dont furent victimes de nombreux Rwandais, autour de la visite officielle de Paul Kagamé en France, notamment en marge de sa rencontre à Aubervilliers avec la diaspora rwandaise, perturbées par des manifestations d’opposants.

Les attaques perpétrées par des groupes, vraisemblablement issus de RDC, ont ciblé des individus isolés, qui ont été insultés, agressés et tabassés dans les transports en commun ou encore dans la rue. »

« On vous tuera un à un »

Quinze personnes au moins ont été victimes de ces agressions, qui visaient directement des Rwandais identifiés comme Tutsis, à en croire les slogans rapportés par ces derniers. « On vous tuera un à un, jusqu’au dernier » : vieille rengaine utilisée pendant le génocide de 1994. Certains ont porté plainte la semaine dernière auprès des autorités françaises, et seront appuyés par SOS Racisme qui se dit prêt à se porter partie civile.

Alain est tutsi, et vit à Paris depuis de longues années. Il parle sous un nom d’emprunt par peur des représailles. Il est venu en France pour fuir les massacres et y « trouver une sorte de refuge ». Alertés par des proches sur ces agressions qui l’ont « choqué », il est même « un peu inquiet ». Il ne croyait pas que de tels actes « puissent se produire à Paris » :

« Ce slogan, “on vous tuera un à un”, c’est l’un des plus représentatifs des pogroms de Tutsis qui avaient lieu au Rwanda. »

Le génocide des Tutsis (plus de 800 000 morts entre avril et juillet 1994), provoque encore, dix-sept ans après le drame, de violentes tensions, y compris en France, et cette plaie n’est décidément pas prête de se refermer.

[Source : rue89]

Communiqué

SOS Racisme dénonce les attaques racistes perpétuées à l’encontre des rwandais en marge du déplacement de Paul Kagamé

SOS Racisme dénonce avec force les agressions racistes dont furent victimes de nombreux Rwandais, autour de la visite officielle de Paul Kagamé en France, notamment en marge de sa rencontre à Aubervilliers avec la diaspora rwandaise, perturbées par des manifestations d’opposants.

Les attaques perpétrées par des groupes, vraisemblablement issus de RDC, ont ciblé des individus isolés, qui ont été insultés, agressés et tabassés dans les transports en commun ou encore dans la rue.

SOS Racisme s’inquiète également du déferlement de haine constatée sur la toile à l’encontre des rwandais, allant jusqu’à appeler au viol des femmes au Rwanda.

Pour Dominique Sopo : « il est de la responsabilité de la justice de faire toute la lumière sur ces agressions dont on ne peut ignorer la violence spécifique lorsqu’elle concerne des personnes identifiées comme rescapées d’un génocide . Si le caractère raciste de ces attaques se révélait avéré, SOS Racisme se réserve le droit de se porter partie civile auprès des victimes ».

[Source : Sos-racisme]

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