[ [ [ Aux syndicats et personnels hospitaliers, pompiers, policiers, et de la (...) - Yannis Lehuédé

Camarades, Mesdames, Messieurs,

Au 75éme jour les 56 sans papiers
grévistes de la faim ont suspendu la
grève de la faim, y compris les expulsés
en Guinée et au Maroc. La grève
est suspendue, la crise n’est pas finie,
le préfet doit les régulariser.
Durant ces deux mois et demi, le préfet
de Région, monsieur Canépa, a
exercé sur vous personnels hospitaliers,
pompiers et fonctionnaires de la
police une pression qui s’est manifestée
par des actes inhumains, intolérables
et parfois hors la loi et de l’état
de droit.

Les sans papiers grévistes de la faim
ont été contraints à mettre leur vie en
danger par la grève de la faim parce
que 60 d’entre eux ont été raflés le 15
juin par la police lors de l’occupation
de la Chambre de Commerce
Internationale de Lille, vingt-cinq
détenus au Centre de Rétention de
Lesquin et trois mis dans l’avion. Les
tribunaux de Créteil et de Lille ont
jugé illégale l’action répressive du
préfet et ont, le 18 juin, relâché tous
les sans papiers.

Dès lors pour briser la volonté des
sans papiers grévistes à vivre et travailler
dans la légalité le préfet
Canépa n’a hésité sur aucun moyen
répressif : pas moins de 4 rafles et à
chaque fois les tribunaux ont donné
raison aux sans papiers grévistes de la
faim en les libérant - les sans papiers
grévistes de la faim ont été battus,
insultés, menottés - les 13 expulsés en
Guinée et au Maroc l’ont été avec des
brutalités qui font froid au dos - les
sans papiers grévistes de la faim ont
été jetés à la rue devant les urgences
des hôpitaux du CHR, de Saint Vincent, Saint Philibert, de Seclin,
du CH Dron à Tourcoing, de Provo à
Roubaix, du CH de Valenciennes, de
Hazebrouck, de Maubeuge - un cas de
perfusion arrachée.

Comment tout cela a t-il été possible
 ? Pourquoi une telle soumission aux
ordres d’un préfet qui fait faire n’importe
quoi pour arriver à ses fins :
vaincre la volonté et la détermination
des sans papiers grévistes de la
faim ?

Les professions et métiers que vous
exercez ont des règles, une déontologie
et une éthique. Les ordres d’un
préfet sont-ils au dessus, rendent-ils
inopérantes les lois, la déontologie,
les valeurs, l’éthique de vos professions
et métiers ? ! Quels sont les
moyens légaux et déontologiques de
ne pas se soumettre aux abus de pouvoirs
illégitimes et mêmes souvent
illégaux du pouvoir exécutif, en l’occurrence
dans le cas d’espèce de monsieur
Canépa préfet de Région ? !

Voilà des questions sur lesquelles le
CSP59 souhaiterait échanger et discuter
avec vos professions, avec les
syndicats.

Le CSP59 se félicite de pouvoir préciser
aussi que tous - hospitaliers, pompiers,
policiers, journalistes – n’ont
pas appliqués servilement les décisions
autoritaires, arbitraires et parfois
hors la loi du préfet Région monsieur
Canépa, ci-devant ex-secrétaire
Général de l’ex-ministre l’intérieur
Sarkozy devenu président de la
République.

En effet, il y a eu des gestes individuels
de personnels hospitaliers, de
pompiers, voire de policiers (l’exemple
de ces policiers qui ont refusé
d’expulser des grévistes dans les
urgences d’un hôpital) qui font honneur
à ces professions nobles. Des
syndicats (CGT, SUD) se sont positionnés
contre les répressions et en
solidarité avec le combat social des
sans papiers. Le CSP59 les en remercie.
Toutefois force est de constater que
seul l’hôpital d’Armentières s’est globalement
acquitté de ses obligations
déontologiques, éthiques conformément
au serment d’Hippocrate et à la
charte du patient.

Il est à noter aussi que les tribunaux
et Cour d’Appel à Lille, Créteil, Paris
ont très souvent jugé illégaux les rafles successives du préfet Canépa.
Dans la crise de la 14éme grève de la
faim des sans papiers à Lille, après
trois ans sans conflit majeur depuis
2004, la ligne jaune différenciant
principe républicains et racisme d’extrême
droite a été souvent franchie
par le préfet Canépa pour faire plaisir
à cette frange minoritaire de l’électorat
qui a permis à Nicolas Sarkozy de
devenir président de la République.
Peut-on accepter, pouvez vous accepter
que vos professions, vos métiers et
d’autres deviennent otages d’une telle
politique contre la résistance sociale,
citoyenne, démocratique, antiraciste,
antifasciste qu’est le CSP59 ?
 !

En attendant de nous rencontrer et
d’échanger, recevez l’expression de
notre engagement pour la régularisation
des sans papiers et pour une
société du vivre ensemble dans l’égalité.

Lille, le 31 août 2007.

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