[ [ [ Les sans-papiers de Saint-Josse, en grève de la faim, menacés d’expulsion - Yannis Lehuédé

La centaine de sans-papiers qui occupent le bâtiment
réclament la protection subsidiaire, qu’ils se voient
refuser en Belgique pour le motif qu’ils ne peuvent
démontrer qu’ils courent un risque réel et personnel
d’atteinte grave en cas de retour dans leur pays. Il estiment
pour leur part que le risque qu’ils encourent en
retournant dans leurs pays en guerre est pourtant réel.
Les cent-vingt sans-papiers afghans et irakiens qui
occupent depuis quinze jours un immeuble de la rue du
Méridien à Saint-Josse et qui ont entamé une grève de
la faim sont toujours menacés d’expulsion. Des négociations
étaient en cours vendredi entre les autorités et
les occupants qui refusent de quitter les lieux.

Jeudi, le bourgmestre Jean Demannez (PS) a signé un
arrêté d’insalubrité qui a été collé vendredi à l’entrée
du bâtiment et a ordonné l’évacuation des lieux. Un
agent du service d’hygiène avait été envoyé sur place
jeudi matin afin de rédiger un rapport. Le bourgmestre
a ordonné l’évacuation des lieux à la suite d’une
demande en ce sens qui a été adressée, par voix d’avocat,
par l’ASBL Les Briques du GAMP, qui compte
occuper les lieux.

Suite aux remarques formulées par l’agent communal,
les occupants ont déménagé vers l’arrière du bâtiment
et ont procédé à des travaux d’urgence. « Nous comptons
procéder à une évacuation mais il ne faut pas précipiter
les choses. Si nous n’agissons pas, l’ASBL obtiendrait
quand même une autorisation d’expulsion en référé auprès
d’un juge de paix. La situation est délicate. Nous comprenons
l’attitude de l’ASBL qui s’est battue pendant des
années pour obtenir un bâtiment »
, a expliqué le chef de
cabinet du bourgmestre.

La commune se dit disposée à revoir le cas échéant sa
position si l’ASBL ne réclamait plus l’expulsion des
occupants. La commune estime toutefois le bâtiment
dangereux mais pourrait envisager une nouvelle visite
d’un agent du service d’hygiène pour constater les
améliorations qui auraient été apportées à l’immeuble.
La police considère quant à elle qu’une évacuation
d’autant de personnes en grève de la faim demande
une certaine préparation.

L’ASBL Les briques du GAMP n’est pas prête à faire
marche arrière. « Le bâtiment reste dangereux et insalubre.
Les occupants ont bricolé avec l’électricité et il y a des
fils qui courent partout. Il n’y a pas non plus de sortie de
secours » a réagi la présidente de l’ASBL Cinzia Agoni.
L’ASBL a déclaré avoir agi auprès du bourgmestre afin
de se dégager de toute responsabilité en cas d’accident.
En cas de blocage, elle pourrait envisager une action
en justice, a-t-elle fait savoir.

L’octroi des bâtiments par la Régie fédérale des bâtiments à l’ASBL Les Briques du GAMP est soumis à la condition d’y ouvrir un centre
d’accueil de jour et d’hébergement pour personnes handicapées de grande
dépendance. Selon le contrat de bail, le projet doit être réalisé impérativement
dans un délai de deux ans. L’ASBL envisagerait de démarrer les travaux avant l’hiver.
La centaine de sans-papiers qui occupent le bâtiment réclament la protection
subsidiaire, qu’ils se voient refuser en Belgique.

[Source : lalibre.be]

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