[ [ [ "Mon Général", ce grand-père ! - Yannis Lehuédé

L’endroit est niché au milieu d’une cité près du Périphérique, à deux pas de la porte des Lilas, l’Art Studio Théâtre de Kazem Shahryari - qui vivote depuis près de 20 ans - tente de faire le lien entre les habitants défavorisés, d’origine immigrée pour la plupart, et le monde du théâtre parisien. Il présente actuellement une pièce qui rend hommage à la première génération de travailleurs d’origine africaine, celle dont les parents avaient combattu pour la France libre du général De Gaulle.

C’est la première fois qu’une création de Marcel Zang est mise en scène. Le metteur en scène, Kazem Shahryari a brillamment relevé le défi de cette pièce, faisant naviguer le spectateur dans plusieurs époques, à travers les chansons de Marlene Dietrich (Odile Roig), les discours du Général ainsi que la vie misérable de ces travailleurs.

L’image du général De Gaulle, icône de cette France libérée qui avait promis aux combattants venus d’Afrique "Vous êtes ici chez vous", est disputée avec celle de la difficile décolonisation, dixit Saïd (Paul Soka) qui assène "Je suis pas en France, mon frère, je suis chez le patron !".
On rappellera au passage que les tirailleurs africains avaient été écartés de la libération de Paris.

Les personnages, malgré leur déracinement, leur précarité, apportent la bonne humeur, leurs doutes et leurs souvenirs du passage du général sur le continent africain, à l’image d’Augustin (Tadie Tuene), le fan de De Gaulle qui, noyé dans l’alcool, se confond avec le général et embrigade ses amis dans une revue de troupe irréelle !

Une pièce à voir pour comprendre le difficile cheminement de ces oubliés de l’Histoire, à l’heure où la France reconnait officiellement les "souffrances" infligées à l’Algérie sans s’en excuser...

En représentation jusqu’au 21 décembre à l’Art Studio Théâtre, puis du 24 au 26 janvier 2013.
Réservations au : 01-42-45-73-25 (tarif plein : 12€, tarif réduit : 9€)

QSP

Mon Général

Mon Général est une tragi-comédie en trois actes où se croisent la petite et la grande histoire, dont l’action se passe dans les années 70 à Paris, et qui parle de l’Afrique, des Africains, des anciens combattants, du Général de Gaulle, des indépendances africaines, des « travailleurs immigrés », de la guerre d’Algérie, des Français, des Blancs et des Noirs, de l’amour... et du désamour.

Comme son père – « tirailleur sénégalais » qui a fait les deux grandes guerres mondiales et combattu dans les corps d’armées d’Afrique de la 2ème Division blindée du colonel Leclerc – le camerounais Augustin, dit « Mon Général », voue un véritable culte au Général de Gaulle. Cet amour pour le Général le conduira en France « parmi les siens » ; et, de désillusions en déchéances physiques et morales, il n’aura plus que ses compatriotes pour l’entourer et le soutenir dans sa folie.

Le parcours d’Augustin retrace une histoire universelle totalement ignorée. Il laisse percevoir les rêves, les peurs et rancœurs qui habitent les travailleurs venus d’Afrique noire et d’Algérie au lendemain des indépendances. Véritable figure tutélaire, le Général de Gaulle hante les discours des personnages tel un spectre glorieux, pour certains, comme une ombre encombrante, pour d’autres. Comment s’approprier l’histoire, la langue et l’avenir d’un pays loué par la génération des pères lorsque le présent ne coïncide plus avec les chants passés ? Avec force et humour, Marcel Zang donne corps et voix à ces destins qui se croisent dans la nuit parisienne pour partager leurs doutes et négocier l’espoir.

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