[ [ [ Pour l’égalité et la réciprocité des droits - Yannis Lehuédé

Vendredi 11 janvier 2008, Cécile Ntoutoum répond au Quotidien des Sans-Papiers à propos de l’explusion de Paul Wem, de la convention franco-gabonnaise d’aide mutuelle judiciaire (23 juillet 1963) et l’accord de gestion concertée des flux migratoires.

Cecile (Maison de Gabon)


Les dernières nouvelles de Paul :

24/01/08

Paul Wem n’est plus au Gabon, il a été renvoyé au Cameroun après avoir
reçu son laissez passer de l’ambassade camerounaise, et ce sous son vrai
nom.

C’est dommage que la France se comporte ainsi, il y a lieu de
dénoncer ces pratiques d’un autre age qui consiste a toujours penser que
les français sont en terrain conquis en Afrique...

Qu’ils aient au moins le courage de reconnaitre qu’ils sont passés à coté de la plaque et que les responsables doivent être demis de leurs fonctions, que ça soit du coté français comme au niveau de l’ambassade du
Gabon, car même si le Consul général a subi des pressions, il ne devait pas
céder.
(message reçu le 24/01/08)


20/01/08

Paul Wem, gréviste de la faim au Centre de rétention du Mesnil-Amelot, parmi les initiateurs du mouvement de protestation des sans-papiers enfermés de décembre-janvier, porte-parole de ceux-ci — lui-même gréviste de la soif pendant trois jours —, aura été expulsé illégalement au Gabon [voir QSP n°20, page 29]. C’était le 4 janvier.

Ainsi que les autorités gabonaises auront pu le vérifier dès son arrivée à Libreville, il se trouve que Paul Wem ne serait pas gabonais, mais camerounais. À ce titre, l’accès au territoire gabonais lui a été interdit — et il demeure à ce jour enfermé, en zone d’attente… Et ce, donc, depuis dix-neuf jours, aujourd’hui 23 janvier.

À l’heure qu’il est le Gabon demande que les frais d’expulsion de Paul soient pris en charge par la France. Celle-ci répondrait qu’il n’en est pas question puisque le consulat du Gabon à Paris a accepté de signer un laissez-passer… Dans un communiqué, la maison du Gabon souligne que « les conditions de délivrance de ce document restent obscures ». Normalement un tel laissez-passer est délivré après présentation aux autorités consulaires du pays dont l’étranger en situation irrégulière se dit originaire. « Pourtant Paul Wem n’a pas été présenté aux autorités diplomatiques gabonaises », précise le communiqué. « Son laissez-passer a été envoyé au centre de rétention signé par le consul général. » « Ce dernier aurait justifié ce geste grave et honteux par le fait qu’il avait subit des pressions... »

Lorsqu’à son arrivée à Libreville, Paul Wem a été auditionné par les autorités gabonaises, celles ci n’ont eu aucun mal à lui faire avouer ses origines. Il a été immédiatement placé en Zone d’attente à l’aéroport de Libreville, l’entrée sur le sol gabonais lui ayant été interdite. Et il se trouve toujours en zone d’attente, à l’heure où nous écrivons, en attendant que les autorités françaises prennent en charge son expulsion vers le Cameroun.

Pour rajouter à l’absurde de la situation, il semblerait que l’ambassade du Cameroun refuserait de son côté de lui délivrer un laissez-passer, « refusant de participer à ce détournement de procédure »… Ceci dans l’espoir que Paul revienne en France, dont il n’aurait jamais dû être expulsé après plus de seize ans loin de son pays d’origine.

Par ailleurs, il a été confirmé que la France refuse de prendre en charge l’expulsion de Paul Wem au Cameroun, sous prétexte que les autorités gabonaises l’ont reconnu comme ressortissant gabonais dans un premier temps. Les autorités françaises estiment que c’est au Gabon d’assurer le retour de Paul dans son pays d’origine... étant entendu qu’elles refusent, par ailleurs, « catégoriquement » son retour en France.

Soulignons à quel point ce retour en France serait pourtant légitime, pour quelqu’un qui a quitté son pays d’origine – le Cameroun donc –, il y a maintenant plus de seize ans.

Rappelons aussi qu’il ne s’agit pas du tout d’un simple cas d’expulsion dans le cadre de la fameuse « politique du chiffre » de Brice Hortefeux.

On est là manifestement dans le cas d’un traitement particulier réservé à un éminent porte-parole du mouvement des sans-papiers des centres de rétention. C’est, entre autres, à Paul que l’on doit d’avoir vu les centres de rétentions marquer l’actualité de ces fêtes de fin d’année. C’est, entre autres, à l’appel de Paul que nous avons marché à trois reprises sur le CRA de Vincennes, et, samedi dernier sur les centres de rétention d’une trentaine de villes de France.

Émettons ici l’hypothèse que les autorités françaises, gabonaises et camerounaises puissent entretenir délibérément cette situation plus qu’absurde pour infliger au leader du Mesnil-Amelot une « punition » supplémentaire en l’enfermant pour une durée a priori indéterminée en zone d’attente à Libreville – une ville décidément mal nommée…

QSP

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