[ [ [ Victoire des sans-papiers du Béguinage - Yannis Lehuédé

Jeudi 3 juillet, après 56 jours de grève de
la faim les sans papiers qui occupaient
l’église du Béguinage ont obtenu droit au
séjour et permis de travail.

Des cris de joie, des embrassades, les matelas que l’on
roule… Les 130 sans-papiers du Béguinage ont arrêté leur
grève de la faim. Ils en étaient à leur 56e jour. Les grévistes
ont obtenu neuf mois de séjour légal sans conditions
(la « carte blanche ») et un permis de travail C. Ce permis
permet aux étrangers, admis en séjour provisoire, de
travailler pour n’importe quel employeur. Autre victoire
politiquement importante : la libération des six sanspapiers
détenus à Merxplas suite à la manifestation du 29
avril.

Cette proposition de l’Office des étrangers leur avait été
faite mardi soir déjà. Mais les grévistes de la faim
l’avaient refusée : ils voulaient un an de séjour légal.
Mercredi matin, certains grévistes se posaient pourtant
des questions : « Neuf mois ou un an, cela n’a pas d’importance,
nous disait un Algérien. L’avancée principale, c’est le
permis C. Moi, j’en ai assez. Je veux sortir d’ici sinon on va
tous devenir fous »
. Les sans-papiers étaient au bout du
rouleau. Physiquement et moralement. Certains ont été
hospitalisés plusieurs fois et souffrent de problèmes
rénaux. Plusieurs grévistes ont d’ailleurs salué l’action des
médecins : « Sans eux, sans les vitamines qu’ils nous ont
apportées, on serait morts ».

« Il fallait un peu de temps, une journée, pour que leur état
d’esprit change »
, explique le curé du Béguinage. « Ils ont
vraiment obtenu le maximum possible et ils l’ont compris. Les
papiers, cela va permettre à certains d’entre eux de revoir
enfin leur famille au pays. »

La grève est finie. Restent les questions et les polémiques.
Les grévistes du Béguinage ont prouvé, une fois de plus,
que seules les grèves de la faim, poussées aux limites du
danger de mort, s’avéraient payantes pour obtenir des papiers. Quoi que disent les ministres
successifs chargés de l’asile assurant ne
pas céder au « chantage ».

« Annemie Turtelboom a vraiment intérêt
à sortir le plus vite possible sa circulaire sur
la régularisation »
, constate l’avocat
Vincent Lurquin. « Sans quoi, des grèves
de la faim vont reprendre partout. »
Le cas
du Béguinage sera d’ailleurs évoqué au
kern ce jeudi. Et avec lui, le projet de
circulaire de la ministre de l’Asile. Car
les contacts entre les ministres concernés
(Marie Arena, Joëlle Milquet) ont
enfin repris. On évoque une solution
pour le début de la semaine prochaine.
La vraie victoire du Béguinage ?

La migration économique, c’est le dada
d’Annemie Turtelboom et du VLD.
Dans ce domaine au moins, les choses
avancent. Même si la circulaire relative
à l’immigration économique reste lettre
morte car politiquement liée à celle sur
la régularisation, la ministre de
l’Immigration a déjà créé au sein de
l’Office des étrangers un département
spécialisé. Ce nouveau service pour la
migration économique (SME) sera
chargé d’examiner les demandes de visas
des travailleurs pour les orienter vers les
entreprises intéressées par leurs qualifications.
Il devra surtout traiter ces visas
plus rapidement que les autres (touristiques,
regroupement familial, études).

Le SME, qui sera opérationnel le 15 septembre,
travaillera en collaboration
avec un (nouveau aussi) service au sein
du ministère des Affaires étrangères.
Cela tombe bien : son titulaire est VLD
également.

[Source : LeSoir.be]

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