[ [ [ Revue de presse - Yannis Lehuédé

Au lendemain de Cannes, les éditorialistes de la presse française se montraient
plutôt sceptiques sur les réformes des politiques d’immigration, tant
au niveau européen après l’accord de Cannes qu’au niveau national après le
rejet des quotas par la commission Mazeaud. Le triomphalisme sarkozyste
n’aura pas convaincu tout le monde...

« Le chef de l’État et son gouvernement (...) tentent encore une fois de faire croire
qu’il s’agit d’établir un libre contrat, dans lequel le candidat à l’immigration aurait
certes des devoirs, mais dont dépendraient ses droits. Sauf que le libre choix n’existe
pas pour celui qui n’est pas de la forteresse Europe »
, dénonce Maurice Ulrich dans
L’Humanité.

Dans La Croix, Dominique Gerbaud reste sur une ligne prudente : « Même si un
consensus est encore illusoire sur ces questions, les politiques nouvelles ne seront
acceptables et applicables qu’après un long travail d’explication ».

Dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Jean-Claude Kiefer note que Nicolas
Sarkozy a dû réduire son projet de pacte européen à la baisse : « De compromis
en compromis, le projet initial défendu avec fermeté par le président Sarkozy garde le
même emballage mais avec moins de contenu ».

Pour Patrick Fluckiger dans L’Alsace, Sarkozy « n’est cependant pas au bout de ses
peines »
, et il souligne que « la commission présidée par le vieux gaulliste Pierre
Mazeaud lui [a] fait un croche-pied en critiquant durement les quotas qui lui sont si
chers ».

Dans Paris-Normandie, Michel Lépinay voit l’immigration choisie un principe
« très contestable et bien difficile à mettre en oeuvre ». « Quelle est la chance de succès
d’une ligne Maginot censée empêcher la libre circulation des hommes dans une
économie de plus en plus mondialisée ? »
demande-t-il.

Un scepticisme partagé par Le Républicain Lorrain sous la plume de Pierre
Fréhel : « Le forcing du président, qui a déjà dû faire quelques concessions pour rallier
nos vingt-six partenaires à son texte, pourrait bien pâtir des critiques de la mission
Mazeaud ».

Même son de cloche chez Michel
Noblecourt, du Midi libre, qui souligne
à quel point le « camouflet » de la
commission Mazeau est un « coup
doublement dur (...) au moment où la
France présente son pacte européen ».

Dominique Garraud, dans La
Charente libre
, n’est pas très enthousiaste
lui non plus : « Prétendre que ce
premier acte d’une présidence française
(...) constituerait une avancée majeure
pour l’intégration des politiques européennes
serait pour le moins abusif ».

[Source : AFP]

Archives